Les fondements de l'euro sacrifiés pour suspendre temporairement la crise
Le plan de "riposte generale" a fait retomber la fièvre des marchés financiers sans s'attaquer au mal qui ronge l'Europe : l'excès de dette publique et une incapacité structurelle à atteindre une croissance suffisante pour la rembourser. L'union qui s'est dessinée ce week-end semble marquer une étape importante dans la construction européenne. Mais les mesures annoncées menacent davantage l'euro et nos économies qu'elles ne les protègent. Elles font perdre son indépendance à la banque centrale européenne et mettent en jeu sa crédibilité. Après une journée d'euphorie, la défiance persistante fait déjà replonger l'euro. Ramener la confiance exigera bien davantage que ce barrage artificiel. Seules une réduction coordonnées des dépenses publiques couplée avec des mesures libérant nos économies et nos marchés de l'emploi de leurs rigidités et des charges que nos Etats font peser sur eux redonneront la santé à la zone euro.
Comme les Français ébahis, les marchés financiers ne vont pas longtemps rester dans l'illusion. Ils vont légitimement se demander d'où viendront ces 750 milliards d'euros miraculeusement annoncés. La seule certitude, c'est qu'il alourdiront, le cas échéant, des dettes publiques que les acteurs qui la financent jugent déjà excessive. Par ailleurs, trois jours après avoir affiché sa rigueur monétaire, le président de la BCE Jean-Claude Trichet mange son chapeau sous la pression politique. Contrairement à ce qu'il avait annoncé, il devra acheter de la dette publique.
C'est ce qu'on appelle familièrement faire tourner la planche à billets. Une fois convaincus de cette menace inflationniste, les investisseurs vont probablement exiger des rendements bien plus élevés des Etats membres de l'euro afin de couvrir ce risque. Le prix de la dette risque bel et bien d'augmenter sensiblement dans les mois qui viennent. Après une brève suspension, la spirale de défiance promet donc de reprendre très bientôt. Pure coïncidence, la Roumanie vient d'annoncer des coupes drastiques dans son budget public. Ne pouvant s'abriter derrière un bouclier factice arrimé au roc allemand, l'euro, elle licenciera un fonctionnaire sur 10, et réduira les salaires de la fonction publique de 20 %. Les pays de la zone euro refusant de voir la vérité en face risquent fort de se retrouver demain dans la même situation que la Grèce ou la Roumanie.
Ils devront tailler dans le vif en un laps de temps trop court pour développer un vrai projet de réformes. Jean-François Copé a raison d'assumer la "rigueur". Mais si ce concept est parfaitement honorable, il reste loin de ce que nos finances publiques exigent. Seule une remise à plat de notre protection sociale, qui pèse actuellement un tiers de la richesse nationale, nous éloignera du risque de coupes aveugles et effectuées dans l'urgence. En esquivant les vrais sujets, le plan de sauvetage de la zone euro nous promet des jours bien sombres. Cette nouvelle ligne Maginot ne résistera pas longtemps aux doutes sur la valeur à long terme de l'euro qu'elle fait naître. Le Parti Libéral Démocrate souhaite que les gouvernements européens engagent une véritable réduction de la dépense publique sur plusieurs années afin de ramener rapidement nos pays en situation d'excédents budgétaires.
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